Eros et agapê
the end
Le désespoir est un arbre aux racines longues
ô longues
si longues
le désespoir
fleuri au printemps
vert en été
rouge en automne
et nu l'hiver venu
le désespoir
noir l'hiver venu
l'élaguer, l'élaguer
mais il repoussera de nouvelles branches les beaux jours venus
de nouvelles branches
le désespoir
aux racines longues
ô longues
qui travaillent ma terre
travaillent ma terre
et puis ?
Ciel d'orage ce matin
rose incandescent dans le lever du jour
arc-en-ciel par-dessus
rappel de la fin du déluge
quel déluge ?
ça a duré 20 minutes
20 somptueuses minutes à regarder ce ciel
miracle de couleurs
miracle de lumière
avant la pluie
et le gris
les pavés de Rennes sont mouillés
sont glissants
nulle trace de cet arc-en-ciel
quel arc-en-ciel ?
le désespoir s'effeuille au gré des pluies d'automne
le désespoir rend les pavés glissants
le désespoir
j'ai retouvé les bords du canal
le désespoir en moins ?
le désespoir s'effeuille au gré des vents d'automne
rouge et jaune
d'or et de rouille
j'ai retrouvé les bords du canal
et des souvenirs d'autres lundis pleins de sensations
sensations d'arbres dans le vent
d'arbres dans le vent
les arbres se dénudent
branches noires enjolivées d'or et de rouille
branches noires
mon désespoir s'effeuille au gré des vents d'automne
comme au fond de l'eau le poisson
et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons..."
Nazim Hikmet
Que dire de plus...
sinon que le vent qui me fait frémir
est un vent d'automne
vent d'automne
chargé de pluies
chargé de pluies qui ne sont pas de mousson
et que mes frissons sont de froid
et de solitude
et d'adieu à l'été qui s'en va
dans le vent
"...Et tout mon feuillage frémit comme au fond de l'eau le poisson
et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons..."
j'ai mis ma peau à l'envers
les cicatrices à l'intérieur
et dehors
je suis lisse
je suis lisse
je ne fais pas mon âge dit-on
mais dedans
j'ai 1000 ans
j'ai 1000 ans
j'ai mis ma peau à l'envers
les cicatrices à l'intérieur
tout près du coeur
Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Un vieux noyer tout émondé, le corps couvert de cicatrices
Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Et tout mon feuillage frémit comme au fond de l'eau le poisson
Et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons
Arrache-les, ô mon amour, pour essuyer tes pleurs.
Or mes feuilles, ce sont mes mains, j'ai justement cent mille mains
De cent mille mains je te touche et je touche Istanbul
Mes feuilles ce sont mes yeux, et je regarde émerveillé
De cent mille yeux je te contemple et je contemple Istanbul
Et mes feuilles battent et battent comme cent mille coeurs
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.
lettres envoyées
comme des bouteilles à la mer
Je ne sais pas où sont les destinataires
dans mon passé
dans mon avenir
lettres envoyées, comme des bouteilles
à la mer
à la mer
"Lorsque nous rentrerons comme le vent
A la maison"
Mahmoud Darwich, dans "Etranger dans une ville lointaine"
Salle 303 du collège Echange à Rennes.
Par la fenêtre, vue sur les arbres du Vieux St-Etienne, des marronniers je crois.
Vue sur le vent dans ces arbres.
Vue sur leur danse, enlacés et frissonnant, arbres et vent...
Plage Bon Secours à St-Malo.
Allongée dans le sable, vue sur les nuages dans le ciel.
Vue sur le vent dans ces nuages.
Vue sur leur mêlée, soufflant et s'étirant, nuages et vent...
Une colline à Tana...
Rentrée chez moi, vue sur ma vie passée loin, très loin de là.
Vue sur le vent dans ma vie,
Vue...
à suivre
Lettres envoyées
comme des bouteilles à la mer
de ce rivage
d'où je regarde la mer
d'où je regarde la vie
Lettres envoyées
comme des bouteilles à la mer
qui les lira ?
qui y répondra ?
Lettres
pour conjurer la solitude
de ce rivage
écrire pour
quelqu'un qui lira mes lettres
quelqu'un qui répondra à mes lettres
Ecrire